Quoi que certains se l’imaginent, on ne devient pas membre de la Communauté BDSM simplement en postant une petite annonce sur un site tel que celui-ci, et l’on ne devient ni Domme/Dom ni
soumise/soumis simplement parce qu’on le décide et qu’on le décrète…
Avant de prétendre quoi que ce soit, il faut suivre un long apprentissage fait de lectures, de rencontres et d’expériences diverses. Et une fois les concepts généraux du BDSM compris, la première
leçon que toute personne Dominante ou docile devrait assimiler concerne ce que l’on nomme « Etiquette », car c’est elle qui formalise et régit les relations entre pratiquants.
L’Etiquette constitue un de socle de connaissances essentiel. Malheureusement, bien peu parmi nous en ont seulement entendu parler tant la formation la plus élémentaire fait défaut au plus grand
nombre.
Qui n’a jamais entendu parler de l’Etiquette diplomatique à laquelle se soumettent les Chefs d’Etat lors de leurs rencontres officielles ? Et bien l’Etiquette du BDSM poursuit un but similaire :
Elle permet que tout se passe pour le mieux entre membres de la Communauté lors de leurs échanges et de leurs rencontres, ceci grâce à un ensemble de règles strictes connues et adoptées par
tous.
Tout ceci est effectivement bien protocolaire ; Ca n’en reste pas moins indispensable et louable puisque l’Etiquette sert des intérêts supérieurs : Elle contribue à faire de la Communauté BDSM
quelque chose d’unique, de cohérent et de fonctionnel ; Elle promotionne de nobles valeurs ; Elle protège les dociles (et particulièrement les novices, qui sont les plus vulnérables) des abus
pouvant être commis par certains « Dominants prédateurs » ; Et elle oblige chacun à tenir son rôle dès ses premiers pas sur le chemin de la domination ou de la soumission.
L’Etiquette s’applique en toute circonstance, mais je ne traiterai ici que des échanges épistolaires. Ceci concerne donc les dialogues par chat, messagerie instantanée, forum de discussion, email
etc.…, soit ce qui nous intéresse directement lorsqu’on l’on recherche quelqu’un !
L’Etiquette du BDSM repose sur trois grands types de règles : Les règles relevant du bon sens même, celles relevant de la politesse la plus élémentaire, et celles propres au BDSM. A noter que les
gens qui ne respectent pas l’Etiquette sont appelés avec mépris « barbares », c'est-à-dire non civilisés, rustres et primaires, tandis que le BDSM pousse ses adeptes à toujours plus de
raffinement et de subtilité… C’est donc un affront très humiliant que de se faire traiter à juste titre de « barbare » !
Retenons en premier lieu que lorsque l’on aborde et que l’on converse avec une personne adepte du BDSM, l’Etiquette impose que l’on se comporte avec elle de manière convenable. Dire bonjour et au
revoir de façon courtoise, demander si l’on n’importune pas son interlocuteur en venant le trouver, se présenter sommairement, écouter l’autre avec attention, respecter ses désirs et ses choix,
éviter toute forme de grossièreté et de vulgarité sont autant d’impératifs.
D’une manière générale, Dominants comme dociles doivent mettre un point d’honneur à s’exprimer le mieux possible. Sont donc bannis le langage SMS et les abréviations. Les phrases doivent être
correctement construites et le vocabulaire doit être choisi avec soin, sans qu’il soit indispensable pour autant de tomber dans le littéraire. S’accorder quelques secondes pour réfléchir à la
réponse que l’on doit faire, et s’en réserver quelques unes supplémentaires pour se relire avant l’envoi du texte sont deux habitudes à prendre. En outre, il devrait être clair pour tous que les
longs monologues sont ennuyeux, qu’il est malpoli de couper la parole à son interlocuteur, et qu’il ne peut y avoir de dialogue constructif sans une prise en considération sérieuse des réponses
et arguments de l’autre.
L’Etiquette interdit aux Dominants toute forme d’agressivité, de dénigrement, de malveillance envers les personnes dociles. Elle leur interdit également tout abus de pouvoir et établit qu’une
personne docile ne doit se soumettre qu’à son Dominant uniquement.
Entre personnes de même condition (c'est-à-dire entre Dominants, ou entre dociles), l’Etiquette impose que chacun se montre respectueux, amical et serviable.
Ce sont souvent les dociles qui ont à souffrir du comportement outrageant de certains Dominants autoproclamés… L’Etiquette leur donne donc le droit de se faire respecter en établissant qu’elles
n’ont pas à subir une conversation qu’elles ne désirent pas. En y mettant les formes, elles peuvent alors couper court à tout dialogue désagréable ou non voulu (par exemple : « Je ne
souhaite pas poursuivre cet échange, Monsieur/Madame. Au revoir. »). Par ailleurs, l’Etiquette prévoit qu’en cas de besoin toute soumise peut aller trouver n’importe quel Dominant de sa
connaissance ou pas afin de lui demander de la débarrasser d’un importun, et c’est pour le Dominant un devoir absolu de répondre immédiatement et efficacement à ce genre de demande, sans pour
autant s’imaginer qu’il a droit à quelque avantage en retour.
L’Etiquette précise que « non », c’est « NON ». Ce n’est pas « oui » ni même « peut-être ». Un Dominant qui se dirait qu’il n’a rien à perdre en insistant
commettrait une faute réelle, et par là-même il se déshonorerait…
L’Etiquette oblige à ce que l’on prenne parfaitement connaissance de l’annonce d’une personne avant de lui proposer quoi que ce soit, et que l’on respecte la nature de sa recherche. Si une femme
docile recherche une Domina, il est exclu qu’un Dom ou qu’un soumis puisse la contacter et la harceler afin de lui proposer ses « services ».
Sous prétexte que le BDSM permet une sexualité libérée, de tristes sires s’imaginent que les dociles sont des chiennes en chaleur et qu’ils ont droit de leur parler de façon brutale et crue.
Erreur impardonnable selon l’Etiquette ! Il ne vous viendrait pas à l’idée d’aborder la première fille dans la rue et de lui demander aussitôt ses pratiques sexuelles… Alors il n’est pas
acceptable de le faire sur un chat ou ailleurs tant qu’un certain degré d’intimité ne l’y autorise.
Le vouvoiement est un fondement absolu de l’Etiquette. Il est inacceptable qu’une personne docile puisse tutoyer un Dominant, à moins que ce soit lui qui lui ait demandé expressément de le faire.
Par défaut la soumise vouvoie, y compris son Maître ou sa Maîtresse, et elle n’a même pas à demander si elle peut tutoyer le Dominant. De même, il est inacceptable qu’une personne dominante
puisse tutoyer une personne docile, même s’il la connait bien, à moins que celle-ci soit sa soumise ou sa charge (la « charge » est une soumise en cours de formation et qui est l’élève
et la protégée d’un Mentor ; Ledit Mentor étant un Dominant mais pas son Maître).
Entre personnes dociles et entre personnes dominantes, le tutoiement est permis par l’Etiquette, sans qu’il ne soit encouragé cependant. Chacun fera à sa convenance, à la condition que son
interlocuteur ne s’en trouve pas offusqué. Il est dans ce cas plus judicieux de commencer par vouvoyer la personne, et lorsque la relation est bien établie on peut alors envisager le
tutoiement.
L’Etiquette veut que la personne docile s’adresse toujours à la personne dominante en utilisant, selon le cas, les termes « Monsieur » ou « Madame », sans oublier les
majuscules surtout ! Attention aux majuscules et aux minuscules qui ont une importance énorme dans l’Etiquette... Oubliez une majuscule ou mettez-en une là où il ne le faut pas et vous aurez
commis une faute grossière qui trahira votre manque d’éducation.
Jamais la personne docile ne doit dire « Maître » ou « Maîtresse » à un Dom ou une Domme qui n’est pas effectivement son Maître ou sa Maîtresse. La personne dominante doit
s’adresser à la personne docile en utilisant seulement le pseudonyme de cette dernière. L’Etiquette interdit qu’un Dominant appelle une docile qui n’est pas la sienne « soumise », ou
pire encore qu’il utilise un mot dégradant ou insultant pour l’interpeller.
C’est habituellement au Dominant de diriger la conversation et de poser les questions, et pour cela il doit y mettre les formes et se montrer respectueux et bienveillant. Ca ne signifie pas que
la docile doive rester silencieuse et passive, mais si elle a une question à poser ou un point à évoquer, elle doit au préalable demander la permission de le faire (« excusez-moi Monsieur,
puis-je vous poser une question s’il vous plaît ? »).
A la seule lecture d’un dialogue entre un Dominant et une docile on doit immédiatement savoir qui mène la danse, de qui émane instinctivement le pouvoir, le savoir et le charisme. Mais ceci ne
veut absolument pas dire que le Dominant doive se montrer autoritaire, prétentieux ou hautain avec la docile !
La personne docile doit répondre sans délai et le plus franchement possible aux questions qui lui sont posées par le Dominant. Parfois une réponse basique suffit (« Oui Monsieur »,
« Non Monsieur », « Je comprends, Monsieur », « Je ne pense pas, Monsieur », « Je vous remercie, Monsieur » etc.…), mais il est souvent bienvenu de
développer son discours. L’Etiquette précise qu’il est très incorrect de simplement répondre « Oui », « Non » etc.... En omettant d’y ajouter « Monsieur » ou
« Madame ».
Je le répète car c’est important : La personne docile n’a pas à répondre aux questions qui la dérangent et qui sont posées par d’autres Doms que le sien. Elle n’a pas non plus à accepter
d’engager une conversation si elle ne le désire pas. Mais l’Etiquette veut que le refus de communiquer soit exprimé clairement et poliment (Par exemple : « Je suis désolé Monsieur, mais je
ne souhaite pas répondre à cette question / je ne souhaite pas poursuivre cette discussion. Bonne journée, Monsieur. »).
Pour les uns comme pour les autres, il est très impoli de laisser s’écouler un délai important entre deux réponses, ce qui sous-entend qu’il n’est pas correct de dialoguer avec plusieurs
personnes à la fois, ou de faire autre chose en même temps que le dial (par exemple discuter et travailler alternativement). Si cela se produit, il faut alors prévenir son interlocuteur afin
qu’il sache pourquoi il risque d’attendre après chacune de ses interventions, et lui demander s’il préfère remettre à plus tard la conversation en cours pour jouir d’une plus grande
tranquillité.
L’Etiquette comprend également un certain nombre de principes qui codifient le langage écrit, et, nous l’avons vu, les majuscules et les minuscules jouent à ce titre un rôle majeur. L’objectif de
cette codification est pluriel : Instaurer une manière particulière de s’exprimer au sein de la Communauté - faisant ainsi de ses membres des « initiés », rendre évident le statut de
chaque personne (Dominant ou docile, avec un Collier ou pas), asseoir le pouvoir (et donc les responsabilités) des Dominants, encourager le raffinement intellectuel etc.…
Ainsi, les mots « Maître », « Maîtresse », « Dom », « Domme », « Domina », « Dominant » et « Mentor » s’écrivent toujours
avec une majuscule. De même que « Etiquette », « Contrat », « Collier » (il n’est pas question ici de l’objet mais de la relation d’appartenance)… Il en existe
beaucoup d’autres mais ils ne me viennent pas à l’esprit sur le moment. Les mots « soumise », « docile », « sub » et « esclave » s’écrivent au contraire
toujours en minuscules.
Lorsqu’une personne docile s’adresse à une personne dominante, elle doit toujours mettre une majuscule au mot « Vous » (Par exemple : « Je Vous remercie »). Ceci traduit son
respect et montre clairement qu’elle reconnaît le statut de Dominant à son interlocuteur. A la troisième personne du singulier ça donnera « Il », même en milieu de phrase. Cette règle
se décline autant que possible dès lors qu’il est question d’appartenance à caractère BDSM. Par contre, lorsqu’une personne dominante s’adresse à une personne docile, elle doit toujours écrire
« vous » (ou éventuellement « tu » si la situation le lui autorise) en minuscules.
L’Etiquette exige que le pseudonyme d’une personne docile soit écrit tout en minuscules, tandis que celui des Dominants doit comporter au moins une majuscule en son début (le bon goût veut que
l’on évite les pseudonymes de hackers, genre « DArcK_mASteR//28 »…). Une exception toutefois : Lorsqu’un Maître est valablement et durablement fier de sa soumise, il peut décider qu’une
majuscule soit définitivement placée au début de son nom. C’est un grand honneur (mais aussi une lourde responsabilité) pour une docile de voir son nom écrit ainsi, et tout initié comprendra dès
lors qu’il est en présence d’une soumise « accomplie ». Fort logiquement, une personne qui écrit son nom avec une majuscule a un Collier, donc il serait malvenu de jouer le galant avec
elle… Tout Dominant cherchant à séduire une soumise déjà « en mains » commet une faute impardonnable pouvant le placer au ban de la Communauté…
L’Etiquette prévoit qu’une personne docile peut expliciter le fait qu’elle soit sous Contrat en écrivant de manière spécifique son pseudonyme. Ceci permet à chacun de voir immédiatement que la
soumise en question est déjà en mains et qu’il ne faut donc pas la convoiter. Pour ce faire, la soumise indique en premier le nom de son Dominant, puis ensuite vient son nom de soumise, entre
parenthèses ou entre accolades. Par exemple, la soumise « Maeva » appartenant au Dom « Fabrice » écrira ainsi son pseudo :
Fabrice(maeva) ou bien Fabrice{maeva}
On observe parfois un espace entre le nom du Dom et la première parenthèse / accolade. Les parenthèses ou les accolades symbolisent le Collier, et le fait que le nom de la soumise soit placé
après celui de son Maître (ou de sa Maîtresse) traduit le fait qu’elle est sous sa protection et sa domination.
Pour finir, bien que le sujet ne soit que partiellement traité j’en ai bien conscience (vos remarques et compléments d’information pourront donner lieu à une mise à jour de ce texte…), rappelons
que si « BDSM » en tant qu’acronyme s’écrit toujours en majuscules, ce n’est ni « ds », ni « DS », ni « D\S » mais : « D/s ». Le « D »
signifie « Domination » et s’il est en majuscule c’est qu’il exprime le pouvoir du Dominant ; Le « s » signifie « soumission » et s’il est en minuscule c’est qu’il
traduit la docilité de la soumise ; Quant à l’antislash « / », s’il est dans ce sens là c’est pour montrer que le « D » appuie sur le « s » (s’il était dans l’autre
sens, c'est-à-dire ainsi : « \ » il voudrait dire que le « D » pousse le « s ». C’est peut-être un peu ésotérique, mais à bien y réfléchir c’est plein de sens…